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La Princesse de Quartzine Une apparition angélique

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Ongoing 1827 Words

La Princesse de Quartzine

991 4 1

Elizabeth Griffargent

Année 4262 

La Cité de Quartzine, dans le royaume de Lazulis au nord de Palladius est un carrefour marchand majeur de la région ainsi que le lieu de résidence de nombreuses familles nobles.
Parmi celles-ci, la famille Griffargent est l'une des plus anciennes et influentes de la cité. Leur impressionnant manoir siège dans les hauteurs, avec une vue plongeante sur les quartiers plus populaires.
Le clan est dirigé par le père de famille, Edouard dit le Beau. Autrefois officier de l'armée du royaume, il s'est reconverti dans la politique et participe activement aux réunions du conseil de la cité. Son épouse, la douce Victoria s'occupe de la gestion du manoir et de ses deux plus jeunes enfants, Charles et Margareth. Les aînés vivent encore au manoir mais ont presque tous une activité.

Edmond, l'aîné est en charge des entreprises commerciales de la famille, spécialisés dans l'exportation de produits de luxe.
Caitlin, la seconde, se charge de diriger les fondations de mécénat du clan. Elle finance ainsi de nombreux artistes à travers le monde.
Enfin, la troisième...

"Elizabeth, votre père vous cherche ! Où êtes vous mademoiselle, s'époumona la gouvernante de la famille.

-Je suis dans l'atelier Meredith, vous allez adorer ce que je suis en train de faire, répondit Elizabeth sur un ton malicieux.

-Oh non... Mademoiselle... soupira Meredith, habituée des frasques de la jeune femme.

Meredith se dirigea vers l'atelier et ouvrit la porte. En découvrant ce qu'il s'y passait elle poussa un petit cri de surprise et se cacha les yeux avec ses mains.

-Mademoiselle... je ne voudrais pas m'avancer, mais je suis presque certaine que votre père n'approuverait pas ce genre d'activité...

-Ah bon ? Pourtant c'est de l'art, il adore quand Caitlin rapporte de vieux tableaux moisis de l'autre bout du monde.

Au centre de l'atelier, un bel homme au corps semblable à une statue de marbre blanc prenait la pose. Entièrement nu. Elizabeth de son côté, tentait de reproduire le corps du bel homme malgré ses faibles compétences en dessin. La reproduction n'était absolument pas à la hauteur du modèle.

-Enfin bref, rhabille toi mon grand, on se reverra plus tard, adressa Elizabeth avec un clin d'œil au modèle qui quitta sa pose épique.


La jeune femme déposa ses pinceaux et son tablier. Elizabeth était une très belle femme aux cheveux pourpres bouclées et aux yeux violets. Sa beauté naturelle était d'autant plus accentuée par la présence fréquente d'un sourire malicieux. Elle réajusta sa chevelure ainsi que sa tunique et suivit Meredith à travers le manoir.

**

Meredith accompagna Elizabeth dans le petit salon, où les parents de la jeune femme l'attendaient.

Bon courage mademoiselle, souffla discrètement la gouvernante

"Elizabeth, commença le Patriarche, tu as 30 ans depuis maintenant plusieurs jours, Edmond et Caitlin avaient tous les deux une activité respectable bien avant cet âge, mais toi... tu ne penses qu'à dormir, passer du temps avec tes amis et traîner en ville... Ce n'est pas comme ça que tu trouveras un mari convenable ma fille...

-Ma petite, ce que ton père tente de dire c'est que nous sommes inquiets pour toi, tempéra la mère. Tu ne sembles pas avoir de buts particuliers.

Ce genre de conversations, Elizabeth les connaissaient bien, elle y avait le droit tous les ans. Elle savait qu'ils n'avaient pas entièrement torts, mais elle n'avait tout simplement aucune idée de quoi faire de sa vie. Elle aimait boire et manger, mais elle n'allait pas devenir tavernière.

-Le problème c'est que... je ne sais pas faire grand chose. Je ne sais pas...

-Voyons, ma fille, tu es intelligente, tu sais parfaitement entourlouper ton entourage avec tes petits yeux, tu peux faire ce que tu désires de ta vie. Il suffit de le vouloir, déclara son père.

Le vouloir. Elle le voulait, ce n'était pas ça le problème. Mais elle ne savait pas ce qu'elle voulait.

-Écoutez, je vous promet de réfléchir à tout ça...je... c'est simplement que je ne sais pas par quoi commencer.

-Et si tu allais un peu en ville ? Mais pas pour boire des coups, pour observer. Regarder les gens travailler, vivre. Nous dans notre manoir nous sommes isolés de la vie véritable, mais un autre monde existe en bas de la colline, suggéra sa mère.

**

Observer... c'est vrai que je passe mes soirées ici, mais j'ai rarement profité de la vie locale. En particulier lorsqu'il fait jour.

Pensive, Elizabeth parcourait les rues de la cité marchande. Les odeurs d'épices, de viandes et de produits cosmétiques embaumaient l'air.

C'est que ça me donne faim tout ça, je devrais faire un saut à la taverne... Non ! J'ai dit aux parents que j'allais faire un effort, il faut que je m'y tienne.

Soupirant en ravalant sa frustration, Elizabeth continua son parcours dans les rues. Sans buts particuliers, elle ne faisait que suivre son instinct et se retrouva rapidement dans des petites ruelles qu'elle n'avait jamais exploré. Tournant la tête pour observer les boutiques, elle en déduisit qu'elle était dans le quartier des temples et des libraires. Alors qu'elle passait devant une boutique, elle se fit interpeler par une vieille femme.

"Je peux vous lire votre avenir pour quelques pièces mademoiselle"

-Mon avenir ? Ah, et vous pouvez me dire si je vais être heureuse en amour aussi, plaisanta Elizabeth.

-Bien plus que ça jeune fille, je peux vous dire où vous le trouverez ainsi que la couleur de ses yeux.

Habituellement, Elizabeth ne prêtait pas attention à ces soit disant devins, mais cette vieille dame dégageait quelque chose d'inhabituel. La pierre sur son front était également assez curieuse. La jeune femme se laissa alors tenter par l'expérience.

**

La boutique de la vieille dame ressemblait plus à un vieux placard, débordant d'objets poussiéreux et de livres anciens. Au fond de la petite pièce, une table en bois avec un cristal sphérique en son centre. 

"Installez-vous jeune fille et posez vos mains sur le cristal."

Elizabeth s’essaya sur la chaise en bois et réajusta son assise. D'abord hésitante elle posa délicatement ses mains sur le cristal tout en observant le sourire ridé de la vieille voyante.

"Vous savez jeune fille, autrefois, il y a bien longtemps j'étais une mage. J'étais une oracle pour la Tour des Éléments, d'où cette pierre brillante incrustée sur mon vieux front.

-Une mage, mais vous êtes... vieille, s'étonna Elizabeth.

-Et bien plus vieille que j'en ai l'air. J'ai pris ma retraite il y a plusieurs dizaines d'années déjà, j'étais fatiguée de cette vie.

Elizabeth était perplexe. Les mages avaient le pouvoir de suspendre le vieillissement de leurs corps et ainsi vivre plusieurs siècles. Mais ce qu'elle avait en face d'elle ne ressemblait qu'à une vieille femme un peu folle, pas à une puissante mage.

La voyante posa ses propres mains de son côté du cristal et ferma les yeux. La pierre de son front se mit à briller d'une lueur rose.

"Elizabeth, tu es vouée à un grand destin, une grande puissance sommeille en toi et ne demande qu'à être révélé. En te voyant dans la ruelle j'ai compris ce que tu pouvais devenir. Toi aussi tu as le don, toi aussi tu peux devenir une oracle. Mais la suite ne dépend plus que de toi."

La lumière magique s'arrêta. Elizabeth n'osait rien dire, encore étonné par la démonstration qu'elle venait de voir.

"Cela fera 15 pièces d'or"

Elizabeth restait muette, elle sortit les pièces de sa sacoche et les déposa sur la table.

Ce qu'elle venait de voir n'était sans doute qu'un tour de passe-passe, après tout de nombreuses personnes de la cité connaissaient son prénom et les prédictions étaient assez vagues, Elizabeth s'en rendait bien compte. Mais les prédictions de la vieille femme continuaient de résonner en elle.

**

Encore dans ses pensées, Elizabeth continuait son vagabondage. Elle s'arrêta alors sans savoir pourquoi devant un temple.

Elle n'avait jamais été particulièrement pieuse, au grand désespoir de son père, mais aujourd'hui, elle avait envie d'aller voir.

Elle pénétra silencieusement dans la chapelle tout en observant les prêtres. Il s'agissait d'un lieu dédié à la déesse du Temps, son imposante statue de pierre trônant au fond du lieu de culte. Quelques prêtres portaient la même gemme que la voyante. L'un d'eux remarqua la présence d'Elizabeth et vint à sa rencontre. 

"Vous cherchez quelque chose madame ?

-Oh, non, merci. Je voulais juste regarder. C'est la première fois que je viens ici. C'est paisible.

-Oui, les sanctuaires du Temps se doivent d'être calmes et agréables. Et à vrai dire, la majorité des temples sont des lieux de paix et de sérénité. Il me semble vous reconnaître, vous êtes la fille Griffargent non ? Elizabeth c'est ça ?

-Oui, c'est bien moi, répondit-elle sur un ton calme.

Habituellement, Elizabeth aimait dominer la discussion, avant de tout tourner à son avantage. Elle aurait également profité de ce moment pour séduire le prêtre qui correspondait à ses goûts. Mais là, non, elle était absorbée par l'ambiance du lieu.

-Comment peut-on faire pour vous rejoindre, demanda soudainement Elizabeth. Il faut être mage j'imagine, j'ai eu une éducation magique depuis toute petite. Les bases évidemment, mais j'avais les meilleurs tuteurs.

Avec cette phrase l'habituel ton fier d'Elizabeth revenait à la charge.

-Hé bien il suffit de postuler auprès du Diacre principal.

-C'est ce que je vais faire. Merci.

En quittant l'aimable prêtre, Elizabeth n'oublia pas de lui envoyer un clin d’œil qui le fit rougir.

**

Les années suivante passèrent rapidement pour Elizabeth. Ayant enfin trouvé sa vocation, elle rejoignit le culte de la déesse du Temps et progressa rapidement dans les échelons.

Son intelligence, sa fougue et sa motivation lui permirent de rattraper en moins de 20 ans le niveau des autres membres du temple de Quartzine. 

La magie étant une force incroyable, elle ne semblait pas avoir vieilli, sa beauté était même encore plus époustouflante au fur et à mesure que sa magie gagnait en puissance.

Mais les miracles de la magie ont également leurs fardeaux et si les mages ne vieillissent pas, leurs familles si.

Au fil des décennies, elle vit partir ses parents, puis ses frères et sœurs ainsi que ses neveux. En un peu plus d'un siècle de pratique, elle n'avait désormais plus de famille proche. Elle prit alors de plus en plus ses distances avec le clan Griffargent, se consacrant exclusivement au sanctuaire du Temps.

Après 150 années de travail et d'études, Elizabeth devint un élément incontournable de la branche théologique de l'Église. Elle s'était prise de passion pour les mystères de l'univers en particulier pour les fils du destin.

Comme l'avait prédit la vieille femme, elle était devenue une oracle et possédait la même gemme magique sur son front.

Bien que ses parents et ses frères et sœurs n'étaient plus de ce monde, elle avait trouvé au sein de l'Église une nouvelle famille. Rehana, son ancienne élève devenue amie, Alessia une autre grande prêtresse, et bien évidemment Torvald son époux.

Son quotidien prit néanmoins une tournure inattendue lorsqu'elle fit la rencontre de l'étrange nouveau gardien des Runes, Pironetecticlomec...

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Feb 3, 2024 16:13

Histoire intéressante, mais la demande qu'elle fasse "quelque chose" de sa vie venait du père. En apprenant que sa fille obtient progressivement une place importante dans l'Eglise, y a-t-il eu une tentative de la famille de Griffeargent de prendre du pouvoir (ou du moins de l'influence) via la nouvelle position de leur fille. Vu comment semble être décrit le père, il est étrange qu'il la laisse comme ça. Le but étant tout de même de renforcer la famille et son influence, or si elle devient importante en se détachant de sa famille, ceci n'apporte rien au Griffeargent.

Feb 3, 2024 16:23 by Aquilus Decimus

Très bonne question cher ami. Effectivement, de façon globale les familles de mages gagnent du prestige lorsque l'un des leurs devient mage, en particulier si c'est un poste important. Dans le cas d'Elizabeth, elle est devenue grande prêtresse et archimage, mais assez tardivement. Du temps de ses parents, elle n'était que membre du temple local, rien qui ne puisse accroître l'influence d'une famille déjà très puissante. Et lorsqu'elle est devenue une personne importante de l'Église, sa famille avait déjà bien changé. Elle garde encore quelques contacts avec eux, mais ce n'est plus pareil.