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Anasteria La soirée Ivona

In the world of Hestia

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Anasteria

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Nichée au cœur des bois ardents, bien à l’abri derrière les feuillages éternels rouge et or, l’académie des mages d’Ignis brillait de mille feux en cette journée de printemps. Les pierres blanches côtoyaient les impressionnantes verrières elfiques pour former un ensemble de tours qui étincelaient sous les deux soleils jumeaux, et montraient au monde l’entente humaine et elfique.
Symbole puissant de l’empire, et de la magie, elle abritait en son sein aspirants chevaliers-mages, marchands et chercheurs, tous réunis en ce haut lieu de magie, afin d’apprendre à la maîtriser. 
 
Et parmi eux, dans une de ces tours se trouvait Anasteria. La jeune étudiante n’ambitionnait qu’une seule chose : devenir chevalière-mage. Depuis qu’elle avait mis un pied à l’académie, elle ne pensait qu’à l’adrénaline des combats, l’appel de l’aventure, la découverte du monde par-delà les frontières d’Ignis. Et tandis que son regard se perdait dans les bois qu’elle voyait à travers la fenêtre, elle se mit à imaginer son futur dans l’empire, à chasser les ombres, pourfendre l’inquisition —
 
— Mademoiselle Horne !
 
Les divagations de la jeune étudiante se stoppèrent dès que la voix forte de sa professeure la ramena à la réalité. Son regard émeraude quitta les bois pour se poser sur elle. Dire que sa professeure, Iselia de son nom, semblait sévère sonnait comme un euphémisme. Anasteria se trouvait depuis moins d’un an dans cette académie, et pourtant, elle avait très vite appris à ne pas s’attirer le courroux de cette femme. Elle portait constamment son uniforme de professeure-mage aussi rouge-écarlate que le soleil Nisc. Sur sa poitrine, un seul vestige de son passé de chevalière-mage subsistait ; ses médailles d’honneurs dorés. Ses longs cheveux bruns remontaient en un chignon serré, et dévoilaient quelques fines cicatrices nichées dans son cou, vestiges de ses précédents combats. Et pour compléter ce tableau, ses yeux sombres transperçaient l’âme d’Anasteria à chaque fois qu’ils se posaient sur elle. Iselia attendait quelque chose d’elle, mais n’ayant rien écouté, la jeune étudiante feint l’ignorance, et sa main vint jouer nerveusement avec sa chevelure rousse. 
 
— Oui ? demanda-t-elle d’une voix faussement fluette.
— La réponse. Maintenant.
— Hum… 
 
Désemparée, Anasteria jeta un bref coup d’œil à sa droite, où se tenait son fidèle camarade, Johan. Johan c’était son inébranlable acolyte, son duo durant les exercices, son partenaire de crime lorsqu’elle avait une idée saugrenue en tête. Depuis qu’elle était arrivée à l’académie, elle avait noué une relation particulière avec cet orphelin qui venait du royaume ennemi : Méridie. Et même si en raison de son origine, il avait le droit de se trouver ici, Johan avait du mal à s’intégrer. C’était sans doute la raison pour laquelle, lui et Anasteria s’entendaient bien. Johan portait sur lui les traits caractéristiques des Méridiens : des cheveux courts noir corbeau, des yeux tout aussi sombres qui étaient légèrement bridés, et une peau blanche qui contrastait avec celle un peu plus halée des Iniscans. Et surtout, il avait renoncé à son nom de famille, ainsi tout le monde savait qu’il ne venait pas de cet empire. Anasteria, qui avait habité un village perdu où la magie n’existait que dans les contes, se sentait comme lui en dissonance par rapport aux autres élèves. Elle avait l’impression que tous les deux voguaient dans les couloirs au milieu des enfants nobles, issues de haute lignée de mages, et des Iniscans qui avait toujours côtoyé la magie. En résumé, Johan était un ami sur lequel Anasteria pouvait compter, sauf en ce moment. Johan lui adressa en guise d’aide un simple sourire compatissant, et un haussement d’épaules. Le silence qui régnait sonna comme une réponse aux oreilles d’Iselia.
 
 — Comme d’habitude, soupira-t-elle. Quand allez-vous vous décider à écouter ? Quelqu’un peut répondre à la place de mademoiselle Horne ?
 
Une main se leva, et Anasteria esquissa aussi vite une grimace. Évidemment ! Qui d’autre hormis Yvona Voxana Eis allait répondre ? Qui d’autre voudrait briller et étaler son intelligence aux yeux de tous, en particulier d’Anasteria ? Cette dernière échangea un regard lourd de sens avec Johan qui fronça les sourcils.
 
— Mademoiselle Eis ?
— Les cauchemars résultent d’esprits déformés par les sentiments humains. Ils se nourrissent de leurs rêves jusqu’à devenir tangibles dans notre monde. 
 
 
Anasteria se contenta d’un soupir à peine audible et roula les yeux. Comme d’habitude, sa voix ne bafouillait pas : claire, limpide et forte, à l’image de sa posture droite et sévère. Si Anasteria possédait un contraire dans ce monde, il était personnifié en Yvona. Là où Anasteria faisait preuve d’impulsivité, Yvona restait calme. Là où Anasteria racontait une histoire avec passion et mouvement, Yvona écoutait en silence. Ce contraste pouvait se retrouver jusque dans leur apparence. Les cheveux blonds d’Yvona semblaient toujours impeccablement coiffés, là où Anasteria attachait les siens en vitesse après s’être levée encore une fois en retard. Et ses yeux bleus profonds ne dégageaient aucune chaleur au contraire de ceux émeraude d’Anasteria, remplis de malice. Tous les opposés. Et le fait qu’elles devaient partager une chambre n’aidait en rien leur relation. 
Anasteria ne pouvait pas vraiment dire qu’elles ne s’entendaient pas. Pour se disputer, elles devaient communiquer. Or Anasteria pouvait compter sur ses doigts le nombre de fois où sa colocataire avait daigné lui adresser quelques remarques. Et toutes portaient sur le fait qu’Anasteria semblait trop bruyante.
Yvona tourna légèrement sa tête pour lancer un coup d’œil curieux à Anasteria. Cette dernière avait souvent du mal à deviner les pensées de sa colocataire tant elle n’exprimait rien sur son visage. Mais cela ne l’empêcha pas de soutenir son regard et de la défier. Tout le monde, des professeurs aux élèves, considérait Yvona comme un prodige de la magie, sans compter qu’elle venait d’une noble et puissante famille. Mais l’égo d’Anasteria refusait de plier devant quiconque, et surtout elle. Qu’importe les capacités ou le savoir d’Yvona, elle n’impressionnait pas Anasteria, et cette dernière était bien décidée à lui montrer. Anasteria ignora pendant combien de temps ce petit jeu dura, mais Yvona se lassa et se tourna de nouveau vers Iselia, sans une expression de plus.
 
— Vraiment adorable ta colocataire, souffla Johan dans un murmure.
 
Anasteria ne lâcha qu’un grognement d’approbation, puis elle croisa ses bras sur sa table avant de reposer sa tête dessus. Elle se plaignait suffisamment d’Yvona auprès de Johan pour ne pas se lancer dans une énième discussion à ce sujet.
 
— Les cauchemars vivent la plupart du temps dans le Dörmanlain, l’autre côté, reprit Iselia. Cependant, ils arrivent à communiquer avec nous lorsque la séparation entre nos deux mondes s’affaiblit. Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cela. Mais la plus commune reste la manipulation intense d’énergies magiques au même endroit. Bien sûr, nous pouvons aussi appeler ces ombres grâce à des rituels. Inutile de vous dire que le Collège des mages l’interdit catégoriquement.
 
Anasteria tenta de réprimer un bâillement, en vain.
 
— Lorsqu’un cauchemar atteint sa forme finale, il peut passer dans notre monde. Et ensuite, il tuera jusqu’à ce qu’on décide de s’en occuper. Vous commencerez sans doute votre carrière par là. Mais ne faites pas preuve d’inconscience, prévint Iselia. Ils restent dangereux, et j’ai vu plus d’un mage mourir face à eux. 
 
Anasteria se sentait doucement fusionner avec sa chaise, accablée par le poids de l’ennui. Les cours théoriques demeuraient la partie de son apprentissage qu’elle détestait le plus, tout le contraire de la pratique. Anasteria avait toujours eu des problèmes de concentration, et pour cette raison, elle aimait cent fois plus les exercices physiques dans les bois, à essayer de lancer des boules de feu. Son regard se perdit de nouveau à travers la fenêtre. Et elle se mit à fixer à point brillant rouge à l’horizon juste en dessous des soleils jumeaux : le cristal d’Astela. Fruit de la technologie elfique, ce cristal de magie pur surplombait la capitale du même nom, située à plusieurs kilomètres d’ici.
Elle se mit à rêver, à espérer qu’un jour elle puisse enfin se rendre à l’immense ville. Dans son petit village de pêcheurs qu’était Islac, la magie n’existait pas. Elle appartenait aux contes, et aux histoires, et semblait toujours si lointaine et inaccessible. Anasteria se trouvait être la seule mage à venir de ce coin reculé depuis des siècles. Désormais, elle brûlait d'envie de découvrir le continent au-delà de sa petite presque ile. Elle voulait devenir chevalière-mage et parcourir le monde pour comprendre la magie, pour sauver les gens. Revêtir l’uniforme bleu serait à ses yeux, le plus beau des honneurs. Même si elle ne venait pas d’une famille de mage, elle passerait sa confirmation, et quitterait cet endroit pour affronter les dangers. Elle arpenterait les plaines qu’elle a entendues en conte, pourfendrait les ennemis de l’empire, et éclairerait un peu plus les noirceurs de son monde, tout comme l’héroïne de son enfance, Lucia Trivaly.
 
***

 

La fin du cours sonna comme une libération pour Anasteria et elle s’empressa de quitter la salle, avec Johan sur ses talons. Lui aussi ne cachait pas son soulagement. Il étira ses bras au-dessus de sa tête et poussa un long soupir. 

— Quel cours ennuyeux ! J’ai cru que j’allais m’endormir, gémit-il.
— Encore une mauvaise nuit ?

Ce n’était pas la première fois que Johan se plaignait de son sommeil. Ces derniers temps, son ami, d’habitude si énergique, semblait éteint, et il se lamentait presque quotidiennement de ses nuits courtes. Et l’inquiétude d’Anasteria devenait proportionnelle à la taille des cernes de Johan.

— Es-tu allé voir Apell ? Elle pourrait t’aider.
— Elle m’a donné quelque chose, une potion à prendre avant de dormir. Ça ne marche pas vraiment pour l’instant.

Johan poussa un bâillement, et ses yeux luttaient pour rester ouverts. 

— Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi je dors si mal. Je m’effondre pourtant comme une masse dans mon lit !  

Anasteria se mordit la lèvre inférieure, et avant qu’elle ne puisse s’empêcher, les mots sortirent de sa bouche.

— Est-ce que c’est à cause de tes cauchemars ? Tu sais…

Anasteria retint un souffle. Elle n’aimait vraiment pas discuter de cela avec Johan. Elle savait pertinemment que la mort de sa mère le hantait encore et il ne voulait pas vraiment en parler. C’était toujours trop frais pour lui. Pourtant, il réfuta doucement de la tête.

— Je ne rêve pas, répondit-il. Ou alors je ne me souviens pas.  

Une curieuse sensation noua les tripes d’Anasteria. Elle ne pouvait pas l’expliquer, mais ce sentiment s’amplifiait de jour en jour. Son instinct lui-même venait lui susurrer que quelque chose n’allait pas, mais sans qu’elle puisse en comprendre toute la portée. Ce n’était pas nouveau. Anasteria avait grandi avec cette habitude d’avoir ses sens en alerte, mais depuis quelques jours, elle devenait progressivement plus présente. Elle décida cependant de l’ignorer, et poursuivit avec Johan la suite de ses cours.

Lorsque le soir arriva enfin, et que son souper fut englouti, elle laissa Johan regagner les dortoirs. La fatigue se lisait de plus en plus sur son visage, et Anasteria ne pouvait qu’espérer que cette nuit puisse lui apporter du repos. Une fois dans sa chambre, l’ambiance glaciale habituelle régnait toujours. Anasteria décida de s’asseoir en tailleur sur son lit. Non loin d’elle, Yvona travaillait à son bureau. Et lentement, Anasteria entendit les bruits de couloir diminuer au fur et à mesure que l’heure s’avançait. Elle avait ouvert un grimoire qu’elle laissait reposer sur ses genoux. Mais malgré toute sa bonne volonté pour étudier, elle ne parvenait pas à se concentrer. Ses yeux passaient et repassaient sur les phrases sans en comprendre le sens. Son esprit vagabondait encore et encore et l’empêchait de lire. Elle reporta son attention sur Yvona qui lui tournait le dos. Les mains d’Anasteria commençaient à jouer nerveusement avec les pages de son livre alors que l’idée d’engager la conversion apparaissait dans son esprit.

— Qu’est ce qu’il y’a, Anasteria ?

Yvona n’avait même pas pris la peine de lever ses yeux de son propre grimoire en posant la question. Et Anasteria se figea sur place. Ce n’était pas la première fois qu’Yvona sentait le regard d’Anasteria sur elle sans même se tourner, mais cela impressionnait toujours la jeune adolescente.

— Tu sais, bafouilla Anasteria, tu peux m’appeler Ana. Tout le monde m’appelle Ana. Sauf ma mère. Enfin, si. Disons qu’elle m’appelle Anasteria lorsque j’ai fait une bêtise et qu’elle va me punir pour les trois prochains mois parce que j’ai envoyé ma sœur dans le purin.

Yvona se tourna lentement et leva un sourcil alors qu’elle regardait Anasteria en silence. Elle divaguait, encore. Dès qu’elle angoissait, ou stressait, elle avait une certaine tendance à parler vite, et pour rien. Et face à Yvona, ce tic semblait particulièrement tenace. Les lèvres d’Anasteria se serrèrent en une fine ligne pour empêcher d’autres de mots de sortir. Après plusieurs secondes dans un lourd silence, Anasteria murmura :

— Pardon, je ne voulais pas divaguer à ce point.

Yvona, imperturbable, continuait de fixer Anasteria, sans doute dans l’attente d’une vraie réponse. Elle devait le reconnaître, sa colocataire avait une patience assez incroyable avec elle. Elle attendait toujours qu’elle finisse ses bafouillis, contrairement à sa famille. 

— Je voulais te poser à une question, avoua Anasteria. Sur les cauchemars.

Yvona ne cacha pas sa surprise. Elle fronça les sourcils et se tourna complètement pour faire face à Anasteria, encore assise sur son propre lit.

— Es-tu en train d’étudier ? demanda-t-elle.
— Tu demandes ça comme si c’était incroyable, grommela Anasteria.
— Un peu. Admets que tu n’es pas une élève studieuse.
— Je peux l’être ! s’offusqua la jeune fille. J’ai juste des problèmes de concentration.
— Sans blague.

Anasteria croisa les bras, outrée par les paroles d’Yvona. Elle fronça les sourcils et fut surprise de voir un petit sourire en coin chez Yvona. Elle avait du mal à croire que sa colocataire se moquait d’elle en ce moment même. 

— Si tu ne veux pas m’aider, dis-le, soupira Anasteria.
— Pose ta question.

Anasteria regarda de nouveau le livre ouvert sur ses genoux.

— Comment sait-on qu’on est victime de cauchemar ? 
— C’est dur à déterminer, expliqua Yvona dans un haussement d’épaules. De ce que j’ai compris, la proie souffre seulement de fatigue. Et aussi d’absence de rêve. Or ce sont des symptômes communs, tu te doutes bien qu’on ne peut pas vraiment savoir si c’est un cauchemar.
— On ne peut pas le détecter ? demanda Anasteria en agitant vaguement les mains. On peut sentir la magie, on peut bien sentir une ombre ?
— Non, répondit Yvona. Ce n’est pas si simple. Premièrement, les cauchemars opèrent seulement dans l'autre côté. Aucun mage n’a une affinité assez puissante pour ressentir ce qui se passe à travers le voile. Deuxièmement, certaines ombres semblent assez fortes pour parcourir notre monde sans qu’on les voie. On ne peut donc sentir le cauchemar que lorsqu’il est trop tard pour la victime. 

Anasteria ferma le livre qu’elle avait et le déposa à côté d’elle. Elle ramena ses jambes vers sa poitrine et sa tête reposa sur ses genoux. L’explication claire et limpide d’Yvona ne laissait pas vraiment de place pour des questions. Et pourtant, elle sentait que ses pensées tourbillonnantes et chaotiques s’amplifiaient. Si une telle menace existait tapie de l’autre côté, comment pouvait-on s’en protéger ? Les gens devaient-ils subir le cauchemar jusqu’au moment fatidique, jusqu’à la mort ? Cette pensée la terrifia, et elle comprit pourquoi. Si un cauchemar œuvrait ici même dans l’académie, personne ne le saurait avant qu’il ne tue. Plus elle réfléchissait, plus son instinct lui hurlait cette hypothèse. 

— Anasteria ?

La voix d’Yvona ramena la jeune adolescente à la réalité. Elle regarda sa colocataire dont le froncement de sourcil devenait plus important.

— Pourquoi me demandes-tu ça ? J’ai du mal à imaginer que tu approfondis simplement le cours d’Iselia.
— Comme je l’ai déjà dit, je peux étudier ! protesta Anasteria en gonflant ses joues.
— Dis-moi la vérité.

Anasteria grommela face à la perspicacité de sa colocataire. Elles ne se parlaient pratiquement jamais, et pourtant Yvona semblait pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Peut-être qu’Anasteria n’était pas aussi subtile qu’elle le pensait. Elle regarda les yeux bleus d’Yvona et soupira.

— Johan dort mal. Et je m’inquiète.
— Ce n’est pas forcément une ombre. Il peut être malade, ou stressé. Il devrait aller à l’infirmerie.
— D’habitude, il rêve beaucoup, insista Anasteria. Des cauchemars, plus précisément. Mais plus en ce moment.
— Tu t’inquiètes pour rien, expliqua Yvona. Aucune ombre ne peut venir ici.
— Pourquoi ça ? On utilise la magie tous les jours ! Cela doit forcément affaiblir le voile. Je ne comprends pas qu’on ne croise pas d’ombres ou d’esprit dans les couloirs.
— L’académie possède de puissantes défenses, justement pour éviter ce souci. Il existe des appareils, en sous-sol, des régulateurs. Je ne sais pas exactement comment ils fonctionnent, mais je crois qu’ils permettent de renforcer le voile, une sorte de transfert d’énergie.
— Comment sais-tu tout ça ? Je sais que je n’écoute pas beaucoup, mais on n’a pas encore vu ça.
— Ma grand-mère me l’a appris, répondit doucement Yvona. Elle m’a enseigné toute la théorie sur la magie quand j’étais enfant.
— Je comprends mieux. 

Les explications d’Yvona ne rassuraient pas complètement Anasteria. Aussi limpides qu’elles soient, elles ne parvenaient pas à faire taire cette angoisse lancinante, tapis dans ses entrailles. Elle devrait se sentir en sécurité ici. L’académie demeurait sans doute le lieu le plus sûr de tout l’empire, caché de ses ennemis et entouré de magie. Et pourtant.
Anasteria secoua rapidement sa tête pour mettre fin à ses pensées redondantes. Elle n’était qu’une étudiante parmi des mages bien plus talentueux et expérimentés. Et Yvona connaissait la magie bien mieux qu’elle, elle devait donc se fier à son jugement. Anasteria se répéta en boucle cette idée dans la tête et offrit un large sourire à Yvona alors qu’elle s’étirait.


— En tout cas, merci ! Tu expliques vraiment bien, tu sais ? Je devrais te demander plus souvent de l’aide.

Yvona s’apprêta à répondre quelque chose, mais, elle se ravisa, et scella ses lèvres. Elle se retourna vers son livre alors qu’Anasteria s’allongea sur son lit. Elle espérait que le sommeil arriverait à chasser cette angoisse latente. 

***

 

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